duminică, 28 august 2016

Un artiste hollandais

       (L’histoire d’une rencontre) 
 
  -I-
 
 
Il entra dans la salle  
Et la lumière transperça les baies.  
Un long frisson glissa entre
Sa respiration et les nuages.
 
Ses pas répandaient l’évasion en gouttes
A l’odeur de grands espaces.
J’ai vu les racines lointaines de son pays
Que je n’ai jamais visité
Envelopper abondamment le public
Comme des franges de pluie:
J’ai appris, ainsi, qu’il venait d’une grande nation-
Une seule personne suffit pour porter un pays.  
 
Ses pas étaient d’une autre époque, où les hommes
Avaient encore le regard possessif
Et les femmes purifiaient leurs sentiments
Par le philtre de l’attente avant de faire tomber
Le fruit mûr de l’amour. Une autre époque.
 
Ses pas me troublaient. Et ce regard
Qui creusait toujours au loin comme on perce un mur.  
Il venait de la ville au plus grand port maritime du monde
Et j’étais si démunie.
Depuis que la Moldavie a perdu l’accès à la mer en 1940
Mon âme risque, à tout moment, de mourir assoiffée près d’un puits.         
 
Il me tendit la main pour faire connaissance,
La lumière se mit à dansait follement à travers les murs-    
Un long fil d’eau me traversa le dos, glissant
Entre sa respiration et les nuages. 
 
 
-II-
 
Impondérables pas d’artiste. Fuite et enracinement
En un seul état d’âme.  
S’éloigner serait peut-être le dernier don,
La délivrance ultime, avant le départ.    
 
 L’art nous rend libres et légers,  
 Aussi nus que la lumière crue
 Des mouvements en éclats,
Aussi purs que les grandes évasions.
 
 
 
- III-
 
La desinvolture des pas reliait l’espace
Aux racines profondes de la terre,
L’âme en tissu de soie démesurée
Effleurait les objets autour, leur donnant
De nouvelles formes, assez de sang pour ça.
 
Et la peur du vide reprenait, mais il existe
Toujours une force brûlante pour nous tirer
Des profondeurs et nous déposer quelque part
Sur les cimes d’une pensée ou d’une branche d’arbres.
 
Les silences, des falaises flottantes
A la surface, comme des crocs luisants,  
Enseignent à vivre dans la présence
D’une absence en mouvement.
 
Le voir passer à côté sans qu’il soit là.
Tout comme savancer dans la vie
Sans en être submergé,
Pour rester vivant.  

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